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31 juillet 2010 6 31 /07 /juillet /2010 00:00

 

 

Nul doute que ce livre paru en mars 2010 fera date dans l'histoire de la défense de l'ours en France.

  Couv-presse-copie-1.JPGet "Le pays des forêts sans ours" de Stephan Carbonnaux.

Les éditions IMHO, dirigées par Armand Farrachi, ont publié un dossier sans complaisance, issue d'un collectif d'associations de protection de la nature. Il explique, documents à l'appui, pourquoi ces associations en sont venues à déposer plainte devant la commission européenne contre l'Etat français pour défaut de protection de l'ours dans les Pyrénées.

Le collectif dénonce les manquements de l'Etat durant leurs trente années de combats pour la cause ursine.

 

Une plainte qui résulte du ras le bol associatif et qui ressemble fort à une ultime tentative de sauver l'ours dans les Pyrénées.

 

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Ce dossier est richement et utilement complété par un essai, « le pays des forêts sans ours » de Stephan Carbonnaux, qui porte un regard non moins complaisant sur la situation avec la nuance notable qu'il ne croit pas en l'efficacité d'une condamnation de la France si la défense de l'ours ne s'accompagne pas d'une profonde réforme tant sur la forme que sur le fond.

 

Résultat d'un travail méthodique et scrupuleux, l'essai foisonne d'informations qui alimentent une réflexion rare qui mérite attention.

Tout ici prouve que l'ours est l'otage des luttes de pouvoir et l'objet de réactions passionnelles néfastes.

Entre les pressions, parfois violentes, du monde de l'élevage ; la mauvaise foi et l'irresponsabilité de certains chasseurs ; les manipulations de l'I.P.H.B. (Institution Patrimonial du Haut Béarn) et la volonté bornée des associations de protection de la nature à exiger des réintroductions qui, dans les conditions actuelles, ne font que participer au malheur de l'ours, l'Etat français n'a jamais tranché et préféré laisser pourrir une situation devenue aujourd'hui insoluble.  

 

L'auteur, clairvoyant et surtout bien instruit d'une problématique qu'il étudie depuis longtemps, signe un ouvrage intelligent et nous propose une autre approche où réflexions et engagements désintéressés doivent primer sur l'action et l'esprit clanique, afin de mieux servir l'ours. Il va même plus loin en se demandant si nous sommes capables de vivre en biodiversité totale.


La question est posée, à chacun d'y réfléchir, car le fait est que l’on se contente de ridicules sanctuaires confiés en gestion aux associations naturalistes : une tourbière par ci et une prairie à orchidée par là ;  des parcs et des réserves où la grande faune évolue en semi liberté ; de grands rapaces aux ailes décolorées et d’ours GPS. Est-ce ainsi que doit être notre rapport à l'animal ? Est-ce là la raison d'être des protecteurs de la nature ? Est-ce ainsi que l'humanité compte évoluer ?

 

 Vivre en biodiversité totale n'est pas utopique, comme le prouve par ailleurs l'anthropologue Joao Galhano Pedro Alves qui a étudié les rapports entre les sociétés rurales et leur environnement, au sein duquel évoluent grands herbivores et grands carnivores. 

 Bien sur, cela exige de notre part une remise en cause importante de notre rapport au monde sauvage sans quoi nous ne ferons encore et toujours que le cadrer, le domestiquer, ou pire, l'asservir.   

  

 La problématique ours, médiatisée à outrance, est l'un des exemples les plus frappants de notre incapacité à vivre avec ce qui nous entoure.

 

Assurément, l'ours ne peut souffrir d'exister sous liberté surveillée, ni l'homme de s'affranchir d'un monde qui l'accompagne depuis le premier jour.

 

 

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